« Apprendre à accepter son handicap
c’est aussi apprendre à aller de l’avant ».

Parlez-nous de vous, quelle est votre histoire ?

Je suis malentendante depuis l’enfance. Handicap qui, selon moi, n’a jamais été un réel problème au cours de ma vie professionnelle. Dans le cadre de mes études, j’ai d’abord passé le concours de l’école d’infirmière. J’ai ensuite exercé pendant quelques années avant d’intégrer le bloc opératoire d’un centre hospitalier.

Ce handicap, je ne l’acceptais pas. J’ai donc fait le choix, au début, de garder le silence sur ma déficience auditive. Je ne voulais pas en parler mais j’ai rapidement été confrontée à des difficultés dans mon environnement de travail. Infirmière de bloc, j’ai parfois tenté de sensibiliser les collègues sur mes difficultés à entendre mais j’ai ressenti un manque d’écoute de leur part, le port du masque n’arrangeant pas la situation. Accepter son handicap, c’est apprendre à s’accepter tel que l’on est, avec ses forces et ses faiblesses.

Racontez-nous votre parcours professionnel ?

J’ai exercé au bloc pendant 7 années mais malgré le port d’appareils auditifs « invisibles », j’ai finalement quitté cet emploi. Une décision qui n’a pas été simple à prendre mais je n’avais pas vraiment le choix. Les appareils étaient douloureux et je me sentais en difficulté.

J’ai d’abord occupé différents postes dans plusieurs établissements. J’ai ensuite décidé de quitter ma région d’origine pour venir m’installer en Normandie. Puis, je me suis orientée vers le secteur de la psychiatrie en intégrant le FAM- Foyer d’Accueil Médicalisé à Juvigny les Vallées. A ce moment-là, j’avais toujours du mal à accepter mon handicap et le regard des autres. En fait, j’avais surtout des aprioris sur le handicap par manque d’information sur le sujet.

A quel moment avez-vous accepté votre handicap ?

Face aux difficultés rencontrées sur mon poste, j’ai alors pris contact avec le médecin du travail qui m’a mis en relation avec l’équipe maintien du Cap emploi et avec l’Agefiph, en vue d’une étude de poste. Le Cap emploi/Aptima RH m’a alors aidé, ainsi que mon entreprise, dans l’aménagement de mon poste et des environnements de travail : appareillage en Bluetooth, aménagement de la salle de réunion, interconnexion entre téléphone, appareils auditifs et haut-parleurs. Une sensibilisation des équipes en interne a également été menée.

Cet accompagnement a été un facteur clé pour moi dans la suite de mon parcours. Ça m’a non seulement permis de mettre des mots sur mon handicap mais également de prendre conscience que j’étais effectivement « handicapée ». Ça m’a aussi permis d’apprendre à l’accepter, à vivre avec et surtout, à savoir l’expliquer à mon entourage professionnel, chose que je refusais de faire auparavant.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?  

Aujourd’hui je suis infirmière libérale en cabinet. Malgré mon handicap, j’ai réussi à franchir un autre cap, celui d’oser me mettre à mon compte. Je suis épanouie dans mon travail et ravie de pouvoir travailler chaque jour au contact d’une population souvent vieillissante mais avec laquelle je me sens bien et à ma place.

 DELPHINE MASSÉ

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