Patricia, comptable « avoir une seconde chance avec l’alternance »
La voie de l'alternance, une seconde chance pour tous

Patricia a grandi dans l’univers de la restauration. Elle travaillait comme serveuse avant de rejoindre le monde de la pêche, en tant que conjointe collaboratrice. Lors de son parcours, Patricia a dû faire face à des aléas de vie qui ont eu un fort impact sur sa vie professionnelle. A 40 ans, Patricia a choisi la voie de l’alternance pour se reconvertir.

Parlez-nous de vous, quelle est votre histoire ?

J’ai un parcours professionnel très diversifié et intense au cours duquel j’ai dû faire face à un accident de la route et un accident de la vie courante. Ces 2 accidents ont généré de nombreux problèmes de santé qui ont eu un fort impact sur ma vie personnelle et professionnelle.

Malgré les douleurs, j’ai continué à travailler car je n’ai jamais eu un tempérament à me laisser aller. Mais après 2 opérations et un bras paralysé, j’ai finalement accepté d’être reconnue « travailleur handicapé » pour pouvoir continuer à aller de l’avant.

A quel moment avez-vous envisagé votre reconversion via l’alternance ?

A 40 ans, sans emploi, je suis donc rentrée en contact avec le Cap emploi. Ils m’ont écouté et m’ont accompagné dans mon réorientation professionnelle. Avec l’aide du Cap emploi, j’ai participé à des forums et décidé en 2010 de m’inscrire à une formation de 10 mois de Secrétaire/Comptable au Greta de St-Lô. J’ai obtenu mon examen en janvier 2011 ce qui m’a permis d’acquérir un niveau Bac.

En 2014, j’ai réalisé une formation de 4 mois en tant que gestionnaire de paie. Et en septembre 2014, j’ai intégré l’entreprise Regnault en alternance, sur un poste de comptable en contrat de professionnalisation avec l’AFPA. Ce poste était alors à mi-temps et pour une durée de 2 ans. L’expérience s’est avérée très positive puisque l’entreprise a finalement décidé de m’embaucher en CDI.

Comment avez-vous vécu la situation ?

Je suis quelqu’un de très active. Il m’a été difficile de tolérer mon handicap, en particulier d’accepter que mon corps ne réponde plus comme avant. Mais quand on veut s’en sortir, avec de la volonté et de la motivation, on peut y arriver et continuer à s’épanouir dans un nouveau travail.

Je remercie le Cap emploi pour son accompagnement et l’entreprise Regnault de m’avoir donné cette nouvelle chance. J’aime mon travail et je me sens tout à fait à ma place dans l’entreprise. Selon moi, le handicap n’est pas une fin en soi, à condition d’être tenace et de vouloir continuer à aller de l’avant. On a tous droit à une seconde chance et quand on le veut vraiment, on finit par y arriver.  

AUTEUR : DELPHINE MASSÉ 

Flavien, équipier polyvalent “J’ai repris confiance en moi “

Flavien était un jeune étudiant de 18 ans qui travaillait comme saisonnier dans un supermarché à Portbail. Mais le 19 août 2012, il est victime d’un grave accident de la route et tombe dans un profond coma. A son réveil, Flavien réalise alors que rien ne sera plus jamais comme avant. Aujourd’hui, après un long cheminement pour apprendre à vivre avec son handicap, Flavien a retrouvé l’envie de rire et le plaisir de partager et communiquer avec ceux qui l’entourent.

Parlez nous de vous, quelle est votre histoire ?

Au cours de l’été 2012, j’étais étudiant en BTS Banque à Granville. A la fin de ma 1ère année d’étude, je travaillais comme saisonnier dans un supermarché à Portbail. Mais le 19 août, j’ai été victime d’un grave accident de la route qui a changé ma vie.
Je suis tombé dans un profond coma et à mon réveil, 6 semaines après l’accident, j’ai rapidement réalisé que rien ne serait plus jamais comme avant. Le traumatisme crânien a engendré des troubles physiques et cognitifs important. Douleurs intenses, altération des fonctions cognitives, troubles du langage & de la mémoire, diminution motrice, perte d’autonomie.

J’ai alors entamé un long périple de rééducation à la fois physique et psychologique. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me reconstruire et pour reprendre confiance en moi car j’étais dans le déni et submergé par la colère, envers les autres et surtout envers moi-même.

A quel moment avez-vous accepté votre handicap ?

Après l’accident, le plus dur pour moi a été d’accepter mon handicap et de prendre conscience que j’allais devoir apprendre à vivre avec. J’ai tenté une reprise d’étude malgré des avis contraires, qui s’est avéré être un échec. Je pense que j’avais besoin de me rendre compte par moi-même que les études n’étaient plus possibles pour moi.

Sans diplôme et sans expérience, j’ai alors perdu confiance en moi et me suis renfermé à nouveau. Comment croire en cette 2ème chance ? Comment réussir à trouver un emploi à mi-temps quand on est jeune, qu’on a des restrictions et qu’on n’a aucun bagage. Je postulais mais ça n’aboutissait pas. J’ai alors connu des périodes très difficiles.

Heureusement, j’étais entouré de ma famille, de mes amis et des professionnels de santé qui m’ont soutenu et aidé à mettre en place des moyens de compensation pour pallier mes difficultés et mes troubles cognitifs. Ils ont été pour moi un soutien important et une aide considérable pour me relever et aller de l’avant.

Puis en 2021, 9 ans après mon accident, je suis rentré en contact avec le Cap Emploi. Je me suis alors senti compris au regard de mon handicap. Ils m’ont orienté vers le Mac Do et m’ont positionné sur un poste d’équipier polyvalent avec une sensibilisation de l’entreprise. J’ai alors rencontré la DRH qui m’a donné ma chance.

Comment s’est passée votre intégration ?

Dès mon arrivée, le manager et les équipes m’ont accompagné dans la prise de poste. Ils m’ont aidé dans la mise en place de solutions pour compenser mes troubles cognitifs et mes pertes de mémoire. J’ai parfois paniqué, de crainte d’oublier mes tâches et les procédures. Ils m’ont alors fourni des fiches pratiques pour assimiler la composition des sandwitchs et les procédures d’hygiène et pour m’aider au quotidien.

Ce fut une réussite car je me suis bien intégré à l’équipe et j’ai finalement réussi à prendre des automatismes dans mon travail.

Comment vous sentez vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je suis équipier polyvalent en CDI & à mi-temps au Mac Do et je me sens épanoui chaque jour. Un sentiment que je n’avais plus ressenti depuis mon accident, il y a 10 ans. Je suis vraiment passé par différentes étapes. La colère, le déni, la peur de l’avenir, la baisse de motivation, le sentiment d’être seul, incompris et plus capable de rien. Mais cette rencontre avec le Cap Emploi m’a ouvert une nouvelle porte vers le monde du travail et m’a vraiment permis de reprendre confiance en moi et surtout, d’apprendre à avancer avec mon handicap.

AUTEUR : DELPHINE MASSÉ

Témoignage d’une reconversion professionnelle réussie

Florence était assistante commerciale avant son accident de la route en 2019. Elle pensait pouvoir reprendre son poste comme si rien n’avait changé mais s’est peu à peu rendu compte des effets causés par le choc émotionnel et le traumatisme de l’accident. Une situation difficile pour Florence car les séquelles étaient présentes au quotidien, mais invisibles de tous. Elle nous raconte son parcours depuis l’accident. Un chemin semé d’embûches où elle a dû s’armer de patience pour s’en sortir. Aujourd’hui, Florence a finalement choisi la voie de la reconversion au sein d’une micro-crèche à Granville « Les Jeunes Pousses ».

Témoignage d’une reconversion réussie avec Florence Hennah Fribault, Assistante pro bilingue et Sonia Benard, Directrice des 2 micro-crèches de Granville.

RENCONTRE AVEC FLORENCE HENNAH FRIBAULT

Parlez-nous de votre parcours avant votre reconversion

Je suis titulaire d’un BTS technico-commercial. J’ai exercé pendant 6 ans dans le domaine commercial et en 2008, je me suis orientée vers un BTS A en production horticole. J’ai exercé plusieurs métiers avant d’être embauchée comme assistante commerciale dans un établissement de vente de végétaux. En 2019, j’ai été victime d’un grave accident de la route avec traumatisme crânien. Accident, qui, au-delà des douleurs liées au choc, n’a pas eu de graves conséquences. Du moins c’est ce que je pensais à ce moment-là. J’ai donc repris le travail 15 jours après mon accident.

■ Cet accident a-t-il changé votre vie ? Comment l’avez-vous vécu ?

Je suis longtemps restée dans le déni après cet accident. J’étais vivante et selon moi, tout allait reprendre comme avant. Pourtant, au bout de 6 mois, j’ai commencé à ressentir des difficultés au travail et dans ma vie personnelle. Je n’arrivais plus à gérer le rythme, je n’arrivais plus à gérer mon poste, je rencontrais des difficultés à me concentrer, à mémoriser et je me sentais sans cesse fatiguée et fragile émotionnellement.

J’ai alors été arrêtée 2 mois, avec ensuite une reprise en mi-temps thérapeutique puis le Covid est arrivé, le chômage partiel, … et ce fut alors la dégringolade vers la dépression. Quand on subit les effets d’un traumatisme « invisible », ce n’est pas simple d’en parler car on n’a pas les mots sur ce qu’on ressent au quotidien. Et quand on en parle, on se sent incompris. De nouveau en arrêt, j’ai alors rencontré le médecin du travail qui m’a fait passer des tests qui ont finalement bien confirmé les troubles neuropsychologiques et le mal être que je ressentais.

■ A quel moment avez-vous rencontré les professionnels du Cap emploi & Aptima RH ?

Pendant mon arrêt, j’étais suivie par une assistante sociale de la CARSAT qui m’a orientée vers Aptima RH. Je voulais réaliser un bilan de compétences car je ne me sentais plus à ma place dans mon travail. J’ai alors rencontré une professionnelle du service maintien et transition professionnelle du Cap emploi auprès de qui j’ai émis le besoin d’être aidée et accompagnée au niveau professionnel.

Elle m’a alors orienté vers la psychologue du travail d’Aptima RH avec qui j’ai réalisé une PAS- cognitive – Prestation d’Appui Spécifique, en vue de définir un nouveau projet professionnel compatible avec mes difficultés de santé. Un bilan de compétences classique aurait été trop intense pour moi. A ce moment-là, je me suis sentie écoutée, guidée sans jugement, sans préjugés et surtout accompagnée à un rythme en adéquation avec mes capacités physiques et cognitives.

■ A quel moment êtes-vous rentrée en contact avec Les Jeunes Pousses ?

Quand j’ai commencé à reprendre confiance en moi. J’ai d’abord réalisé une enquête métier, puis une immersion dans la petite enfance avec le Duoday. C’est un environnement dans lequel je me suis tout de suite sentie bien. J’ai ensuite rencontré la directrice de la micro-crèche « Les jeunes pousses », établissement bilingue et écoresponsable, qui a été attentive à mon parcours et m’a donné ma chance. Avec Cap emploi, nous avons d’abord mobilisé un essai encadré, ce qui a permis de confirmer ma capacité à réintégrer le milieu professionnel et de découvrir le métier d’agent de crèche et intervenante bilingue. C’est à ce moment là que j’ai vu naitre mon nouveau projet professionnel « devenir intervenante en anglais dans une crèche ».

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je travaille avec “Les Jeunes Pousses” en tant que professionnelle bilingue. J’accueille les enfants et je réalise des animations en anglais au sein de la crèche et mes horaires sont adaptés à mes capacités. Je me sens à l’aise dans ce nouveau métier car les enfants ne sont pas juges de mes erreurs. Cette reconversion, je ne l’aurai jamais imaginée possible après mon accident. Je prends un réel plaisir à venir au travail. La directrice, Mme Benard, et mes collègues sont à l’écoute et bienveillants. Je me sens reconnue dans ce métier et « ça n’a pas de prix ».

■ Que conseilleriez vous aux personnes dans la même situation ?

Ce fut un long parcours avec des étapes difficiles qui demandent beaucoup de patience et de résilience. Malgré tout, si j’ai un conseil à donner, c’est de prendre contact avec les professionnels du Cap emploi et de leur faire confiance. Ils travaillent conjointement avec les partenaires et les services de santé pour nous guider au mieux dans nos démarches.

Je me suis beaucoup battue mais j’ai toujours trouvé une personne qui me tendait la main pour rebondir. Il n’y a pas “un” mais “plusieurs” chemins avec différents obstacles… A chacun de trouver sa voie et la force de passer les obstacles pour aller de l’avant. Lorsque je regarde en arrière et que je fais le constat de toutes les étapes passées pour en arriver où je suis aujourd’hui, je suis assez fière de moi et remercie les professionnels rencontrés tout au long de ce parcours.

RENCONTRE AVEC LA DIRECTRICE, SONIA BENARD

■ Parlez-nous de votre rencontre avec Mme Hennah Fribault ?

Lorsque j’ai rencontré Mme Fribault, elle était en arrêt de travail et elle voulait découvrir les métiers de la petite enfance via une enquête métier. Ça a été une très belle rencontre dès le départ. On sentait qu’elle était perdue professionnellement et qu’elle avait une réelle envie d’aller au bout de son projet. Il est vite venu l’idée de réaliser des stages au sein de la crèche pour l’accompagner dans sa reconversion.

■ Quels dispositifs ont été mis en place pour favoriser l’immersion de Mme Fribault ?

Nous avons commencé par un essai encadré en lien avec la CPAM pour lui permettre de tester un nouveau poste de travail. Nous avons été très transparentes l’une envers l’autre et avons convenu que la puériculture n’était pas en adéquation avec ses capacités. En lien avec le Cap emploi, nous avons alors réfléchi ensemble à un autre projet, Florence étant bilingue.

Nous avons donc mis en place un PRESIJ (Prestation d’accompagnement de mise en situation professionnelle de salariés en indemnités journalières) toujours avec l’accord de la CPAM. Florence a su faire confiance au Cap emploi et grâce à ce dispositif, elle a pu aller au bout dans la construction de son projet de reconversion.

■ Qu’en est-il aujourd’hui ?

Nous avons décidé d’embaucher Florence sur une période de CDD de 4 mois dans un premier temps. Décision mutuelle en adéquation avec ses attentes. Nous lui avons proposé les mêmes conditions testées lors du PRESIJ, soit un contrat de 14h/semaine. La collaboration et les échanges avec le Cap emploi lors des bilans nous ont permis d’accueillir Florence dans les meilleures conditions possibles.

Nous ne connaissions pas les dispositifs existants pour les personnes en arrêt et sommes ravies d’avoir permis à Florence de retrouver un épanouissement professionnel dans le cadre de sa reconversion. Aujourd’hui Florence est complétement intégrée à l’équipe et nous envisageons de nouveaux projets

Les Jeunes Pousses

DELPHINE MASSÉ

Christèle, infirmière libérale « Accepter son handicap c’est apprendre à aller de l’avant ».

« Apprendre à accepter son handicap
c’est aussi apprendre à aller de l’avant ».

Parlez-nous de vous, quelle est votre histoire ?

Je suis malentendante depuis l’enfance. Handicap qui, selon moi, n’a jamais été un réel problème au cours de ma vie professionnelle. Dans le cadre de mes études, j’ai d’abord passé le concours de l’école d’infirmière. J’ai ensuite exercé pendant quelques années avant d’intégrer le bloc opératoire d’un centre hospitalier.

Ce handicap, je ne l’acceptais pas. J’ai donc fait le choix, au début, de garder le silence sur ma déficience auditive. Je ne voulais pas en parler mais j’ai rapidement été confrontée à des difficultés dans mon environnement de travail. Infirmière de bloc, j’ai parfois tenté de sensibiliser les collègues sur mes difficultés à entendre mais j’ai ressenti un manque d’écoute de leur part, le port du masque n’arrangeant pas la situation. Accepter son handicap, c’est apprendre à s’accepter tel que l’on est, avec ses forces et ses faiblesses.

Racontez-nous votre parcours professionnel ?

J’ai exercé au bloc pendant 7 années mais malgré le port d’appareils auditifs « invisibles », j’ai finalement quitté cet emploi. Une décision qui n’a pas été simple à prendre mais je n’avais pas vraiment le choix. Les appareils étaient douloureux et je me sentais en difficulté.

J’ai d’abord occupé différents postes dans plusieurs établissements. J’ai ensuite décidé de quitter ma région d’origine pour venir m’installer en Normandie. Puis, je me suis orientée vers le secteur de la psychiatrie en intégrant le FAM- Foyer d’Accueil Médicalisé à Juvigny les Vallées. A ce moment-là, j’avais toujours du mal à accepter mon handicap et le regard des autres. En fait, j’avais surtout des aprioris sur le handicap par manque d’information sur le sujet.

A quel moment avez-vous accepté votre handicap ?

Face aux difficultés rencontrées sur mon poste, j’ai alors pris contact avec le médecin du travail qui m’a mis en relation avec l’équipe maintien du Cap emploi et avec l’Agefiph, en vue d’une étude de poste. Le Cap emploi/Aptima RH m’a alors aidé, ainsi que mon entreprise, dans l’aménagement de mon poste et des environnements de travail : appareillage en Bluetooth, aménagement de la salle de réunion, interconnexion entre téléphone, appareils auditifs et haut-parleurs. Une sensibilisation des équipes en interne a également été menée.

Cet accompagnement a été un facteur clé pour moi dans la suite de mon parcours. Ça m’a non seulement permis de mettre des mots sur mon handicap mais également de prendre conscience que j’étais effectivement « handicapée ». Ça m’a aussi permis d’apprendre à l’accepter, à vivre avec et surtout, à savoir l’expliquer à mon entourage professionnel, chose que je refusais de faire auparavant.

Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?  

Aujourd’hui je suis infirmière libérale en cabinet. Malgré mon handicap, j’ai réussi à franchir un autre cap, celui d’oser me mettre à mon compte. Je suis épanouie dans mon travail et ravie de pouvoir travailler chaque jour au contact d’une population souvent vieillissante mais avec laquelle je me sens bien et à ma place.

 DELPHINE MASSÉ

David, moniteur d’atelier ESAT « J’ai retrouvé un métier de passion »

« J’ai perdu un métier de passion pour en retrouver un autre »


Racontez-nous votre parcours professionnel ?


J’étais élagueur paysagiste depuis 6 ans avant mon accident. C’était pour moi un vrai métier de passion. Je travaillais au grand air, au contact de la nature et au cœur des espaces verts. En 2003, j’ai malheureusement fait une mauvaise chute et me suis retrouvé contraint de tout stopper à cause de ma santé. Seul face à mes douleurs, j’ai alors entamé une longue rééducation. Comme je n’acceptais pas l’idée de ne plus exercer ce métier, j’ai finalement tenté de reprendre mon poste en mi-temps thérapeutique. Malgré tout, mon corps avait gardé de lourdes séquelles de la chute et après une année et de nombreux arrêts, j’ai été déclaré inapte à mon poste.


Comment avez-vous vécu la situation ?


Ce n’est pas facile d’abandonner un métier de passion et de prendre conscience que l’on va devoir tout reconstruire. « L’après » fais peur, on se retrouve face à l’incertitude. J’ai donc très mal vécu ma sortie de l’entreprise. Je me suis d’abord inscrit comme demandeur d’emploi et mon conseiller m’a tout de suite mis en relation avec le Cap emploi afin de réfléchir à une reconversion et travailler un nouveau projet professionnel. J’ai alors choisi de m’orienter vers le métier d’agent logistique de quai malgré mes restrictions de santé. J’ai commencé en tant que magasinier cariste et j’ai évolué vers un poste de responsable de quai. Une aventure qui a duré 4 ans mais j’ai finalement été rattrapé par les contraintes physiques du poste.


A ce moment-là, je n’avais toujours pas fait le deuil de mon ancien métier. J’ai donc tenté à nouveau d’exercer comme paysagiste grâce aux chèques emplois services. Nouvelle déception ! Les douleurs ont pris le dessus et j’ai dû me résoudre à renoncer définitivement à ce métier.


A quel moment avez-vous envisagé votre reconversion ?


Je suis quelqu’un d’actif, dynamique et il était essentiel pour moi de me sentir utile. Le Cap emploi m’a alors inscrit à une formation proposée par un partenaire. L’objectif : envisager cette fois-ci un nouveau départ et une reconversion en adéquation avec mes capacités physiques.

J’ai effectué plusieurs tests et à chaque fois les résultats me ramenaient vers la formation et les métiers du social. Je me suis donc lancé et j’ai décidé de me positionner sur un poste de moniteur d’atelier en ESAT (Etablissements ou Services d’Aide par le Travail). Le directeur m’a d’abord proposé une période d’immersion pendant un mois (PMSMP), puis plusieurs remplacements pendant 2 ans. L’ESAT est un environnement dans lequel je me suis tout de suite senti à l’aise. J’ai donc décidé de finaliser mon projet en 2019 en passant le titre de moniteur d’atelier.


Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?


Aujourd’hui, je me sens complétement épanoui dans ce métier qui a du sens pour moi. Chaque jour, je prends des leçons sur la vie et je me sens à ma place auprès des travailleurs de l’ESAT. J’ai connu des périodes de doute, de colère, de déni mais finalement, j’ai perdu un métier de passion pour en retrouver un autre. J’ai toujours mes douleurs au dos mais j’ai appris à les compenser. Malgré mon parcours un peu chaotique, j’ai su recoller les morceaux et le puzzle est loin d’être terminé.

Je marche 10 km par jour, je suis membre du jury de l’IRTS (centre de formation), j’encadre le détachement des travailleurs ESAT en entreprise et je me réjouis chaque jour d’aller travailler dans un environnement où je me sens à ma place.

DELPHINE MASSÉ

QVCT : les échauffements au travail, vous y avez déjà pensé ?

La qualité de vie et des conditions de travail se définit comme « les actions qui permettent de concilier l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale de l’entreprise » selon l’Anact. Equilibre vie professionnelle & vie privée, relations entre collègues et managers, organisation du travail, prévention et inclusion… Parmi les grandes thématiques qui composent la QVCT, la santé physique et mentale des collaborateurs est aujourd’hui au cœur de toute démarche de qualité de vie au travail. Les entreprises accordent aujourd’hui une place importante à la QVCT. Entretien avec Elsa Le Cacheur, responsable RH du Groupe SEB qui répond à nos questions autour de la QVCT et de son importance au sein du groupe.


Pouvez-vous nous présenter de manière succincte le groupe SEB ?


Le Groupe SEB est un groupe français et familial, leader mondial du petit électroménager. Nous sommes aujourd’hui 34 000 collaborateurs répartis sur plus de 40 sites industriels à travers le monde. Le Groupe possède aujourd’hui plus de 30 marques sur les marchés grands publics, premiums et professionnels. Ces évolutions permettent aujourd’hui à nos collaborateurs de grandir dans un contexte multiculturel, riche de rencontres et de partage. Le site de Saint-Lô est aujourd’hui le centre d’excellence électronique du Groupe, où sont développées et produites les cartes électroniques complexes à destination de nos usines européennes.

Quelle place accordez-vous à la QVCT ?


Le Groupe SEB attache une grande importance à la qualité de vie et aux conditions de travail de ses collaborateurs. Preuve étant qu’un accord national « QVCT » a été renouvelé l’année dernière pour trois ans. Ce dernier vise à promouvoir des bonnes pratiques locales, les démultiplier et les enrichir, afin que nos collaborateurs puissent être acteurs de leur cadre de vie. De même, des thèmes tels que l’aménagement des postes, le temps de convivialité ou bien l’adaptation du temps de travail en fin de carrière sont clairement encadrés.

Avez-vous des exemples d’actions impactantes mises en place au sein du Groupe SEB ?


Chaque année et dans le cadre de la semaine pour la qualité de vie et des conditions de travail, l’ensemble de nos sites français proposent des activités autour de la QVCT a ses collaborateurs. Sur St-Lô, à titre d’exemple, nous avions fait intervenir une sophrologue et sensibilisé nos collaborateurs à la nécessité des échauffements lors de la prise de poste. Par ailleurs nous proposons également à nos collaborateurs des temps d’échange type « petit déjeuner » où la Direction répond directement à leurs questions. D’autres initiatives sont en place et nous sommes toujours à la recherche d’actions pouvant répondre aux attentes de nos équipes.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les échauffements que vous proposez à vos collaborateurs avec Aptima RH ?


Nous avons fait le constat que les douleurs au poste de nos collaborateurs et les éventuels accidents enregistrés sur le site émanaient souvent d’un manque d’échauffement et d’étirement avant et pendant la prise de poste. J’ai donc sollicité Aptima RH pour nous accompagner dans une première étape de sensibilisation à travers des échauffements au travail. L’objectif de cet atelier étant de déployer un éveil musculaire afin de réduire les risques de blessures, de claquages, de faux mouvements ou encore d’erreurs d’inattention. Une action qui, je l’espère, pourra démontrer l’intérêt des gestes préventifs et se généraliser au fil des mois.

Séance d’échauffement au travail – Groupe SEB

DELPHINE MASSÉ

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